C’est vrai que même s’il n’y a pas de pancartes indiquant que l’on se trouve dans les rayons pour garçons ou filles, comme dans les magasins de jouets, l’offre est tout de même déclinée en fonction du genre. Que ce soit dans les magasins ou dans les catalogues d’ameublement, les univers garçons et filles sont très différents. Cela transparaît de plusieurs manières.

Des meubles sexués

Les meubles sont sexués. C’est-à-dire que, côté garçons, les formes seront anguleuses, les couleurs plus vives et l’on se réfèrera à l’univers des super-héros ou du sport. Tandis que, côté filles, les formes seront plus arrondies, les couleurs plus pastel ou dans les tons rappelant l’univers Barbie ou des contes de fées. On trouve ainsi des lits en forme de cage de but ou de voiture de Formule 1 pour les garçons et des lits roses aux formes plus douces et rebondies pour les filles.

Ces meubles-là sont destinés à de jeunes enfants, entre 4 et 7 ans, qui sont en plein dans leur phase de rigidité et n’ont pas atteint la fin de la construction de leur identité sexuée. Si on les laisse choisir, c’est sûr que leur préférence ira à ces objets clairement identifiables en termes d’appartenance à un sexe.

Des meubles en deux versions

Les meubles existent en deux versions, avec des décorations ou des couleurs différentes. Le lit renvoyant à l’univers moyenâgeux pourra ainsi être revêtu d’une couette aux motifs de chevalier et de dragon pour les garçons ou de tentures roses pour en faire un lit à baldaquin pour les filles, ainsi devenues princesses.

Des meubles neutres scénarisés

Les meubles sont neutres, mais c’est la manière de les scénariser qui est ultra-sexuée: des rideaux à la moquette, en passant par les coussins, la housse de couette ou les posters et même à la façon dont la chambre est plus ou moins ordonnée, on distinguera l’univers féminin du masculin. Aux filles les meubles de rangement et la coiffeuse à la place du bureau. Aux garçons les objets sportifs, comme le skate, les rollers, le ballon qui traîne au milieu de la chambre, signe de désordre, et les coupes posées sur une étagère (indiquant que non seulement il fait du sport mais qu’en plus il est bon), ou les objets technologiques, des jeux vidéo au PC. On peut d’ailleurs constater que, dans les magasins d’ameublement, l’ordinateur factice se trouve quasi exclusivement dans les chambres pour garçons. Comme si la technique était un domaine essentiellement masculin.

Non seulement les univers proposés par les magasins et catalogues d’ameublement sont sexués, mais le discours publicitaire l’accompagnant utilisent à tout-va les représentations stéréotypées du masculin et du féminin: la fille reçoit ses «amies» et, un téléphone portable à la main, «papote», tandis que le garçon, seul, regarde «son équipe préférée remporter la Ligue des Champions». Pourtant, c’est bien le même meuble qui est vendu!

Voilà qui fait qu’on aboutit encore une fois à deux mondes complètement différents et stéréotypés. Or cette segmentation peut influencer les choix des jeunes et notamment leur orientation professionnelle. Ce n’est pas en faisant de l’ordinateur, pourtant aujourd’hui un objet de tous les jours, un outil réservé aux garçons qu’on met les filles sur les rails du monde technique.