Pendant des siècles, le blanc était la seule couleur des vêtements des bébés et des enfants, quel que soit le sexe. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agissait pas de souligner leur pureté ou leur innocence. Cet usage du blanc pour les enfants était plus hygiénique et pratique que symbolique.

Les avancées technologiques ne permettaient pas aux tissus teints de résister aux méthodes de lavage de l’époque, le linge étant lavé dans de l’eau bouillante, puis foulé aux pieds et battu sur les bords d’un cours d’eau ou au lavoir… Les vêtements en coton blanc étaient donc en vogue parce qu’ils étaient solides et inusables – et donc transmissibles d’un enfant à un autre, quel que soit le sexe, en les rapiéçant au besoin.

L’apparition des couleurs date de la fin du XIXe siècle. Mais les codes couleur associés aux sexes étaient inversés par rapport à ceux qui ont cours de nos jours: aux garçons le rouge délavé, pour souligner leur tempérament soi-disant vif et sanguin; aux filles le bleu, couleur du vêtement de la Vierge et donc de la pureté.

Ce choix de couleur réduit s’explique par les différentes techniques de teinture et les matériaux découverts dans la nature: le vermillon, qui donne un rouge éclatant, est une poudre de cinabre; le bleu indigo est extrait par fermentation ou ébullition des feuilles et des tiges d’un arbuste.

L’attribution de ces deux couleurs va s’inverser au cours du temps. Les garçons ayant socialement plus de valeur que les filles – des recherches montrent qu’ils sont davantage soignés et allaités pendant la prime enfance que les filles –, leur a été affectée la couleur bleue, signe de protection symbolique de la Vierge. Par opposition, le rose/rouge va être alloué aux filles.

Une couleur a fini par s’ajouter à cette palette réduite: le jaune. Dans un monde où l’on ne connaissait pas encore le sexe de l’enfant avant la naissance, cette couleur neutre permettait d’offrir quand même des layettes à la future maman.