L’enfant ne vit pas dans un environnement clos. Il possède un vaste réseau de connaissances sexuées, qui vont l’influencer dans sa façon de penser et de construire son identité sexuée, de son panier de jouets jusqu’au papier peint de sa chambre.

L’environnement social est important dans la construction de l’identité sexuée de l’enfant. Les institutions de socialisation (famille, institutions enfantines, école primaire et secondaire), les objets (jouets, habits, équipements sportifs) ou les représentations du masculin et du féminin (publicités, manuels scolaires, dessins animés) ont une influence sur l’étiquetage du masculin et du féminin par l’enfant. La façon dont les adultes et ses petits camarades agissent envers lui va peser sur la construction de son identité sexuée, tout comme la façon dont l’enfant s’approprie ces interactions.

Or, si les parents croient que leur enfant baigne dans un concept d’égalité des chances depuis le berceau, il faut savoir que les filles et les garçons ne sont pas socialisés de manière similaire. La plupart des adultes n’en ont pas conscience, ils croient sincèrement élever les garçons comme les filles et avoir un comportement identique quel que soit le sexe de l’enfant. Ce n’est pas le cas: le plus souvent sans s’en rendre compte, notamment parce qu’ils ont eux aussi grandi dans ce contexte de socialisation différenciée, ils les invitent à se conformer à des rôles que la société attribue à un sexe en particulier.

À une petite fille qui veut jouer au foot, ses parents lui demanderont si elle est sûre de son choix; à un petit garçon, quand est-ce qu’il veut acheter les crampons. Or, si un adulte encourage son enfant à poursuivre une activité, l’enfant répétera cette activité. En revanche, s’il le décourage ou ne réagit pas (pas de feedback), l’enfant se dira que cette activité est désapprouvée et l’abandonnera. Un froncement de sourcils, un ton perplexe peuvent suffire. 

Les enfants sont très observateurs et ce sont de véritables éponges: ils se fient à l’expression de l’adulte et modifieront leur comportement en fonction des conséquences engendrées et des réactions obtenues. C’est ainsi que, vers l’âge de 3-4 ans, ils éviteront tout ce qui est étiqueté comme appartenant au sexe opposé.

Les différences entre  les sexes se construisent socialement. C’est en prenant du recul et en ayant une pratique réflexive sur leurs propres pratiques que les parents peuvent prendre conscience que l’égalité des chances est encore loin d’être acquise.